Un séisme politique à Paris
Le 8 septembre 2025, le gouvernement de François Bayrou a été renversé à l’Assemblée nationale après un vote de défiance. C’est un véritable tournant : jamais depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron la majorité présidentielle n’avait semblé aussi fragile. Quelques heures plus tard, le chef de l’État a nommé Sébastien Lecornu comme Premier ministre, lui confiant la lourde tâche de former un nouvel exécutif.
Cette crise politique n’arrive pas par hasard. Elle est directement liée à un projet budgétaire explosif, qui prévoit des coupes massives dans les dépenses publiques, et qui suscite la colère d’une grande partie de la population.
Un budget d’austérité qui divise
Le projet présenté début septembre avait de quoi faire grincer des dents. Parmi les mesures les plus controversées :
- la suppression de plusieurs jours fériés,
- le gel de certaines prestations sociales,
- une réduction drastique des dépenses de santé et d’éducation,
- et une hausse ciblée de certains impôts indirects.
Pour le gouvernement, ces réformes sont nécessaires pour “redresser les comptes” et rassurer les marchés financiers. Mais pour beaucoup de Français, c’est une cure d’austérité injuste qui pèse surtout sur les classes moyennes et populaires.
Une rue qui gronde
La réaction ne s’est pas fait attendre. Les syndicats ont appelé à une série de grèves et manifestations nationales dès le 18 septembre, rassemblant des centaines de milliers de personnes dans tout le pays.
À côté des structures syndicales traditionnelles, un nouveau mouvement citoyen a émergé : “Bloquons tout”. Inspiré des Gilets jaunes, il prône des blocages d’infrastructures (routes, dépôts de carburant, gares) pour peser dans le rapport de force. Son mot d’ordre : refuser que la population paie la facture d’une gestion qu’elle juge injuste et inefficace.
Résultat : la contestation prend une ampleur qui rappelle les grandes mobilisations sociales des années 1990 et 2019.
Lecornu, l’homme du compromis ?
Face à cette tempête, Emmanuel Macron a choisi de miser sur Sébastien Lecornu, 39 ans, ancien ministre des Armées réputé pragmatique et habile négociateur. Sa mission :
- rassembler une majorité parlementaire autour du nouveau projet de budget,
- calmer la colère sociale,
- et restaurer la crédibilité du gouvernement auprès des partenaires européens.
Dès sa nomination, Lecornu a entamé une série de rencontres avec les partis d’opposition et les syndicats. Mais la tâche s’annonce ardue : la gauche dénonce un “budget de casse sociale”, tandis que la droite réclame des coupes encore plus sévères.
La pression des marché
À cette crise politique et sociale s’ajoute une crise financière. Le 12 septembre, l’agence de notation Fitch a abaissé la note de la France, signalant aux investisseurs une perte de confiance dans la capacité du pays à gérer ses finances.
Concrètement, cela veut dire que la France devra emprunter à des taux plus élevés, ce qui alourdit encore la dette. C’est un cercle vicieux : plus l’instabilité politique grandit, plus l’économie souffre, et plus la pression s’accentue sur le gouvernement.
Et maintenant ?
Plusieurs scénarios sont sur la table :
- Le compromis budgétaire : Lecornu parvient à convaincre une partie de l’opposition et des syndicats, en aménageant les mesures les plus impopulaires.
- L’affrontement : le gouvernement campe sur sa ligne dure, et la rue se radicalise, comme on l’a vu par le passé avec les retraites.
- La crise prolongée : si le budget est rejeté, de nouvelles élections législatives anticipées pourraient être envisagées, plongeant le pays dans l’incertitude.
En résumé
La chute du gouvernement Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu marquent une nouvelle étape dans une France déjà fracturée. Entre un budget d’austérité impopulaire, une contestation sociale qui s’organise et des marchés financiers nerveux, l’automne 2025 s’annonce particulièrement tendu.
Pour les citoyens, le défi est de rester attentifs aux prochaines semaines : votes parlementaires, annonces de Lecornu, et surtout, la capacité ou non du gouvernement à trouver un chemin entre rigueur budgétaire et justice sociale.
📝 3 choses à retenir
- Le gouvernement Bayrou est tombé après un vote de défiance à l’Assemblée, remplacé par Sébastien Lecornu comme Premier ministre.
- Un budget d’austérité contesté (coupes sociales, jours fériés supprimés) provoque une vague de manifestations et de grèves.
- La France sous pression : entre contestation sociale et dégradation de sa note financière, l’automne 2025 s’annonce décisif.










